Dans le contexte tourmenté de la guerre franco-prussienne de 1870 puis de la commune de Paris, les ouvriers typographes ont joué un rôle essentiel. Ce livre de Bernard Boller leur rend hommage.
Commune de Paris. Comité de salut public n°388, 22 mai 1871, affiche, Imprimerie nationale, 56 x 45 cm, Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, Nanterre.
Au contact des idées révolutionnaires dans la presse et l’édition, ils participent à leur diffusion dans les classes populaires. Après la défaite de Sedan, de nombreux typographes décident de s’engager au delà leur métier, ils forment le bataillon des Francs-tireurs de la presse qui sera très actif dans les combats pendant le siège de Paris par les prussiens.
On retrouve ensuite ces ouvriers du livre au cœur des évènements de la commune de Paris. A la fois dans la fabrication et la diffusion des documents imprimés liés à la commune, dans le travail militant pour défendre la Commune et dans les combats contre les troupes versaillaises.
Quelques exemples de l’effervescence éditoriale pendant la commune de Paris, de gauche à droite et de haut en bas :
Le fils du père Duchêne illustré, journal satirique dont 10 numéros furent publiés, du 21 avril au 24 mai 1871.
La lanterne, revue satirique lancé en mai 68 (1868:) par Henri Rochefort. Interdite dès son n°14 pour offense à la personne de l’empereur fut ensuite imprimée et diffusée clandestinement notamment grâce à la solidarité active des professionnels du livre, des presses clandestines avaient été réparties dans Paris pour continuer à l’imprimer.
Le vengeur, journal interdit par un décret du général Vinoy (comme Le cri du peuple), renaît pendant la commune jusqu’à la semaine sanglante.
Le cri du peuple, le journal dirigé par Julles Valles sera aussi brutalement interrompu pendant la répression versaillaise. Après son retour d’exil en 1883 Julles Valles relancera le journal.
Bernard Boller retrace avec érudition l’engagement de cette corporation, notamment au travers de quelques figures remarquables comme La Cécilia Napoléon-François, Jean Allemane ou encore Albin Villeval.
La répression versaillaise pousse ces ouvriers sur les chemins de l’exil. Après l’amnistie de 1880, les survivants reviennent en métropole et contribuent au rayonnement des idées progressistes.
Bataillons de typographes (1870-1871). De la casse au fusil.
Bernard Boller, L’Ecarlate, Orléans, 2014, 236 pages, 22 euros.