Hara-Kiri précéda Charlie Hebdo, qui fut lancé pour contrer l’interdiction dont sa version hebdomadaire avait été frappée. Dans ses pages, la satire ne passait pas que par le dessin, mais aussi par la photographie : « unes » aux mises en scène osées, images d’anonymes détournées, romans-photos parodiques, fausses publicités, etc. Arnaud Baumann et Xavier Lambours (1), qui intégrèrent l’équipe en 1973, soit treize ans après le lancement du journal, ont réalisé nombre de ces images délirantes. Ils ont aussi saisi tous les moments de la vie du journal, de la concentration sur la feuille de dessin aux bouclages festifs, et offrent des portraits sur le vif de Cavanna, Choron, Wolinski, Cabu, Gébé, Reiser…
Hara-Kiri se moquait de tout. Il ne traitait pas directement de politique, mais promouvait l’écologie, l’antimilitarisme et… l’amour libre. Son seul engagement franc sera pour soutenir la candidature de Coluche à l’élection présidentielle de 1981 – un slogan : « Tous ensemble pour leur foutre au cul ! »
Chaque chapitre s’ouvre par l’une des couvertures-chocs qui parurent entre 1975 et 1982, imaginées par la rédaction et réalisées par le photographe Chenz. Excès de mauvais goût peut-être, voire indigestion de provocation, mais qu’on ne peut qu’apprécier au regard d’une certaine frilosité actuelle.
(1) Arnaud Baumann et Xavier Lambours, Dans le ventre de « Hara-Kiri », La Martinière, Paris, 2015, 240 pages, 35 euros.