« Voiture banalisée arrêtée par un platane banal » ou « Professeur de géographie perdu dans le désert » : voilà des situations qu’aimait dessiner Yvan Le Louarn (1915-1968).
Il choisit comme pseudonyme Cheval, en hommage au facteur, mais devint Chaval (1) à la suite d’une erreur typographique. Hérité de sa formation de graveur, son style minimaliste lui permettait de mettre à nu en quelques traits l’absurdité de la condition humaine. Ce misanthrope peu rigolard — « Que faites-vous toute la journée ? — Je m’emmerde (2) » — est célébré et publié tout au long des années 1950, et jusqu’à son suicide en 1968, dans Paris-Match, Le Figaro ou Le Nouvel Observateur. Il excelle aussi dans des revues plus expérimentales comme Bizarre. Parallèlement, Chaval illustre le Dictionnaire des idées reçues, de Gustave Flaubert, ou Pierrot mon ami, de Raymond Queneau. Il s’essaie même au cinéma avec des (très) courts-métrages, dont le fameux Les oiseaux sont des cons.
En parcourant ce recueil de plus de deux cents dessins, dont certains inédits, on a le sentiment de se retrouver dans une pièce de Samuel Beckett et d’attendre Godot…
(1) Chaval, Monsieur le chien, je présume ?, Les Cahiers dessinés, Paris, 2015, 208 pages, 19 euros.
(2) Cité par Frédéric Pajak dans l’avant-propos de Chaval, Les hommes sont des cons,Les Cahiers dessinés, 2013.