Vous l’avez peut-être déjà aperçue en kiosques, voilà la couverture du dernier hors-série du Monde diplomatique le « Manuel d’histoire critique ». J’ai eu le plaisir de créer ce visuel mais aussi toute la conception graphique de ce numéro.
C’est un projet ambitieux, qui reprend le programme officiel d’histoire de première et de terminale (de la révolution industrielle à nos jours) mais avec la vision du Monde diplo.
« Est-on vraiment condamné à choisir entre l’histoire-spectacle, mise au service de l’amour de la France, et cette matière désincarnée que nous imposent l’école et la science universitaire ? (…) Le Monde diplomatique s’est lancé dans la réalisation d’un ouvrage accessible et exigeant, qui revisite les programmes de première et de terminale, de la révolution industrielle à nos jours. Ce contre-manuel ne se contente pas d’énoncer des faits : il les explique, les compare, les met en perspective, et démonte au passage quelques idées reçues. Il traite l’histoire “à parts égales”, en accordant autant d’importance aux vaincus qu’aux vainqueurs, et donne toute sa place au Sud, souvent peu et mal traité »
Ce projet se veux aussi différent dans son iconographie, avec la rédactrice photo Laetitia Guillemin nous avons privilégié le travail des artistes aux documents historiques classiques. Certaines œuvres sont des icônes de leur époque comme la photographie Migrant mother de Dorothea Lange, d’autres sont moins connues comme cette affiche portoricaine du film La bataille d’Alger par le graphiste Antonio Martorell.
Une autre originalité iconographique de ce hors-série se trouve dans les doubles pages d’ouverture de chapitre. Il y en a 10 et chacune d’entre elles confronte un événement du passé à sa résonance contemporaine. La première « Industrialisation, colonisation et entrée des masses en politique (1830-1900) » propose, par exemple, des images de l’exposition universelle de Paris de 1889 en vis-à-vis avec un reportage de 2013 sur le parc d’attractions Legoland en Malaisie.
Dans l’ouverture du chapitre IV c’est la guerre d’Espagne avec un reportage – tiré de la valise mexicaine – sur Dolores Ibárruri qui est mis en vis-à-vis avec une photo du mouvement des indignés et une autre d’une école de l’Opus Dei. Ce rapprochement montre que les fractures idéologiques de 1936 sont toujours à l’œuvre dans l’Espagne contemporaine.
Une autre force de ce manuel est la cartographie originale réalisée par Cécile Marin et Dario Ingiusto, on peut par exemple se replonger dans le Paris de la commune grâce à cette très belle carte en page 23.
Je vous invite donc à découvrir ce manuel qui « s’adresse aux étudiants, aux enseignants et, plus largement, à tous ceux qui considèrent l’histoire non comme le musée de l’ordre, mais comme une science du changement. »